Shoot again

Où le jeune Vincent B. plonge dans la drogue d'une manière inéluctable, implacable, irrémédiable. Sans aucun pathos, sans blabla pseudo-moralisateur, une descente désespérée dans un univers de plus en plus autiste où plus rien n'existe sinon la musique. Un procès-verbal glaçant et fascinant. Shoot again ? EXTRAIT : “ Tu files un mauvais coton, dit Félix. Une arabesque de sang foncé colora l'intérieur de la seringue à insuline deux centimètres cubes signalant que l'objet avait trouvé la veine. Vincent ne quitta pas l'aiguille ni le produit des yeux. Il raidit encore un peu plus son avant-bras gauche tandis que Félix dénouait délicatement la ceinture qui comprimait son biceps. – Desserre le poing, dit le vieux toxico. – Comme ça ? – Oui. Reste tranquille. Félix appuya sur le piston, lentement, jusqu'à ce que le bout caoutchouteux de la tige en plastique fusionne avec le fond de la canule transparente. Le mélange de citron cuit, d'eau bouillie et d'héroïne frelatée parcourut en un millième de seconde la distance qui le séparait du cerveau, produisant le flash attendu. Félix s'était déjà fait son shoot, car on commence toujours par soi. Mais les premiers, c'est forcément quelqu'un d'autre qui vous les administre. On se souvient toujours de celui qui vous fait votre premier shoot. “