Leibniz, Les textes essentiels
EAN13
9782011454102
ISBN
978-2-01-145410-2
Éditeur
Hachette Éducation
Date de publication
Collection
Prismes
Nombre de pages
192
Dimensions
14 x 19 cm
Poids
220 g
Langue
français
Code dewey
193
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Leibniz

Les textes essentiels

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Hachette Éducation

Prismes

Indisponible
Introduction?>Les multiples visages de Leibniz?>Leibniz ressemble fort au héros de la commedia dell'arte qu'il mentionne souvent dans ses textes : Arlequin avec ses costumes bigarrés et son masque. Aux yeux du philosophe, ce personnage exprime l'unité dans la diversité, l'identité dans le devenir, le Même et l'Autre. Il incarne l'adage « C'est partout comme ici » que Leibniz reprend comme intuition fondamentale de sa philosophie. Ainsi, cette figure représente sur la scène théâtrale l'enjeu de la connaissance humaine : il y a une unité du réel, que la philosophie cherche à penser en remontant aux principes métaphysiques d'où émane causalement - ou rationnellement - toute chose singulière (idée, science, individu, fait, etc.).Avant de suivre le développement de cette intuition première, la vie même de Leibniz donne un avant-goût de cette curiosité universelle qui caractérise sa pensée. En effet, Leibniz intervient sur les diverses scènes intellectuelles, diplomatiques et religieuses de son époque. Il revêt tour à tour le masque du mathématicien, du physicien, du juriste, du métaphysicien, du théologien ou de l'historien. Il travaille sans relâche et produit une œuvre immense dont la totalité n'est pas encore publiée !La première période: 1663-1686Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) naît dans une famille luthérienne installée en Allemagne ; son père, jurisconsulte et professeur de morale à l'Université, possède une riche bibliothèque qui sera le véritable lieu de sa formation intellectuelle et l'initiera aux philosophes de l'Antiquité et de l'École. Dans les études afférentes qu'il suit à l'école puis à l'Université, Leibniz apprend le latin et le grec, puis s'intéresse à la philosophie moderne (Bacon et Hobbes). Cependant, il ne découvrira l'œuvre de Descartes que plus tard.En 1663, Leibniz soutient sa thèse de baccalauréat Sur le principe d'individuation; dès lors, il ne cessera de méditer ce problème, qui engendrera plus tard le concept de « monade » comme individu métaphysique1.Mais, pour le moment, ses pensées restent sous l'influence de Thomas Hobbes, qui l'incite à une position nominaliste2. Issu de la philosophie de Guillaume d'Occam, le nominalisme prétend que toute chose est individuelle, que l'universel n'existe pas réellement, mais résulte d'un abus de langage. Ainsi, seul cet arbre-ci existe; la catégorie « arbre » ne correspond à aucune réalité : elle n'a pas d'essence, mais provient de l'usage du nom commun « arbre ». Elle constitue au plus une abstraction et une généralisation effectuées à partir d'une collection d'arbres individuels. Si l'on généralise cette conception à toute réalité, l'universel se réduit alors à une collection d'individus multiples; mais puisque seul l'individu est réel, puisque lui seul possède essence et existence, seul il constitue véritablement l'enjeu de la connaissance. De cette période, Leibniz retiendra le souci de l'individu : certes, il renoncera bientôt à la radicalité de la thèse nominaliste, mais il se méfiera tout autant des philosophies qui se contentent des pures abstractions de l'universel sans pouvoir déterminer la réalité des individus. Sa tâche consistera donc à concilier le singulier et l'universel, le multiple et l'unité, au sein d'une même théorie3.Poursuivant son cursus, Leibniz s'initie à la logique. Puis il s'oriente vers des études juridiques et soutient sa thèse de droit, en 1666, sous le titre : De casibus perplexis in jure (Des cas difficiles en droit). Parallèlement, il publie un court traité De Arte combinatoria (Sur l'art combinatoire), où il théorise la méthode des permutations et formule le projet d'une symbolique universelle grâce à la décomposition des idées en éléments simples. Cet écrit reflète le goût leibnitien4 pour les écrits hermétiques d'auteurs renaissants tels que Jacob Böhme ou Raymond Lulle, qui renouvellent le projet pythagoricien et trismégiste d'une science universelle des nombres régissant l'univers. Cette pensée ésotérique supposait en effet que l'essence des choses ressortissait à une mathématique spéciale : la science des nombres permettait alors de représenter symboliquement l'harmonie quasi musicale de l'univers.À la même époque, Leibniz s'affilie à la secte alchimique des Rose-Croix, dont il devient le secrétaire à Nüremberg. Cette période ésotérique de sa vie imprégnera profondément la maturité de l'auteur, qui cherche dans la gangue des illusions de jeunesse les scories de vérité. Au contraire de Descartes qui prétendait faire table rase du passé, Leibniz s'attachera toujours à concilier la philosophie antique avec la pensée moderne, pour retrouver, en deçà des divergences superficielles, une intuition profonde définissant l'enjeu propre de la philosophie. En particulier, il participera au renouvellement de l'ancienne alchimie vers une chimie scientifique moderne qui n'apparaîtra pourtant qu'au siècle suivant. Son projet de caractéristique universelle reprendra l'intuition d'une symbolique universelle en l'épurant de ses aspects hermétiques. La théorie de l'harmonie préétablie prolongera les suggestions pythagoriciennes et böhmiennes. Malgré les apparences, les idées maîtresses sont donc déjà en germe dans ces années de formation.Mais une carrière active s'ouvre désormais à Leibniz, qui ne cessera par la suite d'allier les méditations philosophiques à l'activité diplomatique, juridique et courtisane. En effet, après avoir rencontré le baron Jean-Christophe de Boinebourg, ancien conseiller de l'électeur de Mayence, Leibniz présente à l'électeur un traité intitulé : Nova methodus discendae docendaeque jurisprudentiae (Nouvelle méthode pour apprendre et enseigner la jurisprudence, 1667). Il est alors engagé comme collaborateur du juriste Lasser. Dans un ouvrage apologétique, Confessio naturae contra atheistas (Témoignage de la nature contre les athées), il prend part aux discussions agitant la réunification des Églises chrétiennes après le schisme protestant, et lutte contre les schismatiques dans une démonstration logique de La Trinité : Defensio Trinitatis per nova reperta logica (Défense de La Trinité grâce à de nouvelles découvertes logiques). Ce double souci pratique d'unification et d'orthodoxie durera jusqu'à sa mort : reconnaissant son appartenance à la confession d'Augsbourg (une branche de la confession protestante luthérienne), Leibniz ne renonce jamais au projet de réconcilier les chrétiens au-delà de leurs obédiences divergentes, puisque tous se réfèrent à la même révélation christique.Parallèlement à cette activité théologique, Leibniz travaille à des projets politiques et devient conseiller à la Cour suprême de l'électorat de Mayence en 1670.
À la même époque, Leibniz publie un traité de physique : Hypothesis physica nova (Nouvelle hypothèse physique, 1671) qui prend acte de l'injonction de la science moderne : il faut désormais tout expliquer mécaniquement.Leibniz en adresse la première partie, Théorie du mouvement abstrait,à l'Académie des sciences de Paris récemment créée en 1666, et la seconde, Théorie du mouvement concret,à la Royal Society of London, instituée en 1660. Il demeure toute sa vie en relation avec ces deux académies et participe plus ou moins directement à leurs travaux. Il entretient une correspondance scientifique avec nombre de leurs membres. Dans une Dissertation sur le style philosophique de Nizolius, il n'en défend pas moins les trésors cachés de la philosophie antique et médiévale, contre la prétention moderne d'en nier l'importance et la fécondité.Encore peu connu du public, le jeune Leibniz débute une correspondance sur les problèmes de la substance, de l'étendue et de la matière avec Antoine Arnauld, illustre représentant de la pensée française, logicien et théologien janséniste à l'apogée de sa gloire. Tous deux partagent un souci théologique, une culture scientifique et philosophique. Ces débuts modestes s'affermiront par la suite pour susciter un véritable débat métaphysique entre les deux hommes.De 1672 à 1676, l'électeur envoie Leibniz en mission diplomatique à Paris. À cette occasion, il visite aussi l'Angleterre. Ce séjour plonge Leibniz dans les milieux intellectuels les plus brillants de l...
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