- EAN13
- 9782714310194
- ISBN
- 978-2-7143-1019-4
- Éditeur
- José Corti
- Date de publication
- 04/2010
- Collection
- LES ESSAIS
- Nombre de pages
- 128
- Dimensions
- 21,5 x 13,5 x 1 cm
- Poids
- 166 g
- Code dewey
- 809.393
- Fiches UNIMARC
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Dans Voyage au Phare, Virginia Woolf parle de « la vieille question qui continuellement traverse le ciel de la pensée, la vaste question générale », qui accapare soudain Lili Briscoe. Cette question n’est rien moins que celle-ci : « Quel est le sens de la vie ? ». Et c’est au même personnage qu’on doit la remarque qu’il s’agit d’un « simple slogan, glané dans quelque livre, qui ne s’ajustait que vaguement à sa pensée ».
« Le sens de la vie » : l’expression porte à sourire, tant elle semble usée et formulaire. On s’étonnera donc que j’aie inscrit dans le titre de ce livre pareil « slogan », sans prendre la précaution de le mettre en italique ou de l’inclure dans une question – ce que Lili Briscoe fait avec plus de prudence. Si je n’ai pas choisi d’afficher une telle ironie, ce n’est pas parce que j’ai l’intention de donner une réponse (même complexe) à semblable question. Je montrerai plutôt que la question doit demeurer, comme une inquiétude, comme un partage. Ce que je veux souligner, avec sérieux, c’est l’articulation que le roman moderne opère quant à ce questionnement dont il fait sa matière mystérieuse.
Ma thèse, si je la simplifie, est que le roman est l’un des lieux privilégiés où ce questionnement se réfléchit avec le plus d’ampleur, le plus de finesse, où se relance « la vieille question » mais selon des inflexions singulières, des réponses partielles, des apories indécidables. Je prolonge une intuition capitale de Walter Benjamin qui voit dans le roman moderne la recherche passionnée du sens de la vie pour des consciences séparées et solitaires. C’est une intuition que je discute dans cet essai. Selon trois temps : d’abord une méditation théorique sur l’idée de « vie à soi » et les pouvoirs de la fiction, méditation qui appelle deux lectures d’œuvres célèbres : La Mort d’Ivan Illitch de Tolstoï et Voyage au Phare de Woolf. Car c’est en nouant le plus personnel avec l’impersonnel que le romancier sait nous donner à penser la vie comme l’impossible totalité qui est la nôtre et qui ne cesse de nous échapper.
« Le sens de la vie » : l’expression porte à sourire, tant elle semble usée et formulaire. On s’étonnera donc que j’aie inscrit dans le titre de ce livre pareil « slogan », sans prendre la précaution de le mettre en italique ou de l’inclure dans une question – ce que Lili Briscoe fait avec plus de prudence. Si je n’ai pas choisi d’afficher une telle ironie, ce n’est pas parce que j’ai l’intention de donner une réponse (même complexe) à semblable question. Je montrerai plutôt que la question doit demeurer, comme une inquiétude, comme un partage. Ce que je veux souligner, avec sérieux, c’est l’articulation que le roman moderne opère quant à ce questionnement dont il fait sa matière mystérieuse.
Ma thèse, si je la simplifie, est que le roman est l’un des lieux privilégiés où ce questionnement se réfléchit avec le plus d’ampleur, le plus de finesse, où se relance « la vieille question » mais selon des inflexions singulières, des réponses partielles, des apories indécidables. Je prolonge une intuition capitale de Walter Benjamin qui voit dans le roman moderne la recherche passionnée du sens de la vie pour des consciences séparées et solitaires. C’est une intuition que je discute dans cet essai. Selon trois temps : d’abord une méditation théorique sur l’idée de « vie à soi » et les pouvoirs de la fiction, méditation qui appelle deux lectures d’œuvres célèbres : La Mort d’Ivan Illitch de Tolstoï et Voyage au Phare de Woolf. Car c’est en nouant le plus personnel avec l’impersonnel que le romancier sait nous donner à penser la vie comme l’impossible totalité qui est la nôtre et qui ne cesse de nous échapper.
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