L’Art de l’irritation chez Thomas Bernhard
EAN13
9782848324371
Éditeur
Artois Presses Université
Date de publication
Collection
Lettres et civilisations étrangères
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L’Art de l’irritation chez Thomas Bernhard

Artois Presses Université

Lettres et civilisations étrangères

Indisponible
L’œuvre de Thomas Bernhard a longtemps été lue comme un monochrome en noir,
reflet d’un pessimisme d’inspiration baroque, renforcé par un nihilisme
typiquement moderne. Cependant, entre Frost, le premier roman, et Auslöschung.
Ein Zerfall, le dernier, une évolution est perceptible, qui va de l’extrême de
la douleur au rire et aboutit à la revendication d’une écriture de
l’effacement. Que ce soit sous la forme d’un désespoir ressassé dans « une
phrase infinie » ou encore d’une exagération délibérément grotesque et «
carnavalesque », l’œuvre de Thomas Bernhard s’est toujours accompagnée, au-
delà des strictes limites de l’espace littéraire, de scandales et autres
perturbations de la vie publique autrichienne. En cultivant savamment ceux-ci,
Thomas Bernhard dépasse la simple recherche de l’effet et tire d’une sensation
qui est la condition de l’émergence de l’œuvre, une capacité à irriter, à
arracher à l’indifférence et, par là, à une menace de mort. L’irritation
saisit dans la réactivation permanente de son origine, la possibilité
d’élaborer un art de l’irritation. Esthétiquement, celui-ci détermine une
écriture unique et originale. Mais sur le plan éthique surtout, l’évolution de
l’œuvre reflète la possibilité tirée à l’art de l’irritation de s’opposer au
monde, de s’affirmer en existant contre lui. L’écriture de l’effacement, tout
en portant les stigmates du nihilisme, montre la voie d’une existence possible
dans une attitude d’opposition permanente au monde. Le fondement de cette
existence n’est plus l’attachement nostalgique mais utopique à un rêve
d’accord parfait entre le moi et le monde, mais la volonté de s’en guérir et
de se construire sur les sables mouvants d’une vérité qui sans cesse échappe.
Endossant les crises de la modernité, l’irritation telle que Thomas Bernhard
la pratique, propose un art d’exister qui, loin de se satisfaire de reproduire
le nihilisme partout constaté, tente d’y faire pièce sans l’occulter ou le
nier, transformant ainsi un ars moriendi en modus vivendi.
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