Feu pour Feu

Carole Zalberg

Actes Sud

  • Conseillé par
    30 mars 2014

    Notre narrateur est un père meurtri. Il a, il y a bien longtemps, quitté son pays en guerre pour la France avec sa fille Adama. Il a connu le camp de réfugiés, d'où il a préféré partir dès que l'occasion (tragique) s'est présentée. Il a alors erré, cherché chaque matin un emploi illégal pour finir par offrir à sa fille un endroit où vivre. Mais on le sait dès le début de ce texte, sa fille n'a pas su profité de cette deuxième chance. Dans un moment de bêtise, elle a tué.

    Il est un peu court pour moi ce texte mais comment nier sa beauté? Les pages sur l'immigration sont aussi belles que celles sur la paternité. Cet homme digne et fier qui ne baisse pas les bras est un superbe personnage. C'est très fort mais Carole Zalberg ne tombe jamais dans le pathos, ni dans le pamphlet politique et je lui tire mon chapeau. J'ai un peu moins aimé les paroles d'Adama, pourtant très réalistes.


  • Conseillé par
    8 mars 2014

    Alors qu’elle n’était qu’un bébé, il l’a extraite de sous le corps sans vie de sa mère, ce corps aimé au milieu de tant d’autres cadavres. Puis il l’a conduite, à travers nombre d’embûches, loin de ce sol natal africain où ils ne pouvaient rester, pour qu’elle vive en sécurité sur le Continent Blanc.
    Quinze ans après, l’horreur à nouveau, mais c’est par elle qu’elle arrive. Ses mots emprisonnés croisent par moments ceux de son père, qui lui confie, enfin, l’âpre récit de ses origines …

    S’inspirant d’un fait divers, Carole Zalberg donne la parole à un père abasourdi par le geste criminel de sa fille. A travers lui, c’est aussi tout un peuple de migrants qui s’exprime.
    Texte court et fort, « Feu pour feu », écrit par une romancière qui est aussi poète, prête une voix magistrale et sensible à l’errance des exclus. En contrepoint, les mots scandés d’une adolescente des cités esquissent les raisons triviales d’un dérapage tragique.


  • Conseillé par
    11 janvier 2014

    Il a fui son pays. Il a laissé derrière lui sa terre où sa femme est morte et est parti avec son bébé. S'exiler pour échapper à l'horreur avec un doux rêve offrir à Adama une vie sereine. Ils ont connu les camps de clandestins après une traversée sur un bateau de fortune. Ne pas y rester, toujours avancer vers son but.

    Et la France lui a donné un travail, un toit pour habiter avec Adama, mais sa fille quinze ans plus tard est devenue une comme une carte sans mode d'emploi. Adama a grandi en bas des tours de la cité pendant que son père s'échinait au travail. Fleur épineuse, bouillante de colère à l'inverse de son père terré dans son mutisme. Adama traîne avec ses copines, toujours partante pour des mauvais coups. Sauf qu'un acte peut avoir des conséquences criminelles même si on n'est qu'une adolescente.

    Et les deux récits s'élèvent de ce livre. Deux vies si unies au départ poussées par des vents différents. La voix du père qui cherche à comprendre l'acte de sa fille mêlé au désespoir et celle d'Adama façonnée au langage des cités. Deux voix où l'amour d'un père pour sa fille, les épreuves qu'il a endurées, l'incompréhension s'opposent à la désinvolture et à l'insouciance d'Adama.

    Un texte d'une intensité très forte qui valdingue le lecteur sur l'exil, les difficulté d'insertion et le marque au fer rouge.