• Conseillé par (Libraire)
    19 mars 2017

    Conseillé par la Librairie Sorcière Comptine à Bordeaux

    Claire a quitté Paris pour s’installer avec sa mère dans une petite ville. Or dans la France des années 60, à fortiori à l’extérieur de la capitale, la situation de Claire est exceptionnelle : seule enfant de parents divorcés dans sa nouvelle école, où ne vont que des filles, Claire est surtout la fille de la première - et bien sûr unique - femme médecin de la ville. Dans la famille de Sylvie, qui devient très vite la meilleure amie de Claire, tout est très différent et les ambitions professionnelles de sa mère ne sont encore qu’à l’état de rêves. C’est que, jusqu’à la loi du 13 juillet 1965, les femmes mariées ne peuvent ouvrir un compte en banque, ni exercer une profession sans l’autorisation de leur mari...

    Claire et Sylvie ne vivent pas au temps des dinosaures, elles appartiennent à la génération des grands-parents des écoliers et écolières d’aujourd’hui et contrairement à leurs propres mères, elles pourront chacune exercer librement le métier de leur choix. Il n’est jamais inutile de rappeler aux enfants que ce qu’ils croient acquis depuis la nuit des temps en matière de droits sociaux est en fait le fruit de conquêtes récentes qu’il leur appartiendra de préserver. C’est là le principal mérite de cet album qui permet d’ouvrir une discussion autour de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et qui, à travers les images de ces petites filles en blouses grises occupées à faire les majorettes le jeudi après-midi, raconte, comme le dit la chanson « un temps que les moins de vingt ans… ». L’histoire est du reste complétée par quelques pages documentaires (et une recette de gâteau !) qui mettent en perspective l’évolution des droits des femmes en France et ailleurs.

    On regrettera seulement que le sous-titre de l’album « 1965, le droit du travail des femmes » puisse laisser penser aux enfants d’aujourd’hui que les femmes ne travaillaient pas avant cette date (ce qui est d’ailleurs contredit par la mère de Claire), alors qu’elles ont toujours travaillé et formaient déjà 39% de la population active en 1906*. Surtout, si les femmes sont entrées massivement sur le marché du travail au cours du XXe siècle, c’est avant tout du fait de l’évolution de leur accès à l’éducation et de la maitrise de leur fécondité.

    Librairie Sorcière Comptine à Bordeaux

    * Jeanne-Marie Wailly, Les différentes phases du travail des femmes dans l’industrie, Cairn.info